Gilles Villeneuve

Circuit Zolder, 8 mai 1982.

Gilles Villeneuve

Personne ne s’y attendait. Ce n’était qu’une séance d’essai, une veille de Grand Prix, et d’ailleurs elle était terminée, les pilotes avaient tous levé le pied. Sauf un, Gilles Villeneuve. L’accident venait d’avoir lieu. Dans la salle de presse, les journalistes se sont levés. Sur les écrans silencieux, ils suivent les gestes des secouristes qui vont, à n’en pas douter, relever le jeune pilote. Les secondes s’égrènent. Trop. Alors, comme une ombre, surgit une pensée que l’on refuse. Comme pour l’arrêter ou le démasquer, je saisis cet instant, ce point de basculement, quand l’on sait déjà mais qu’on ne croit pas encore. Quand l’inimaginable s’impose et vous serre la gorge. Une fille a compris, la première. Elle a tourné le dos aux écrans et porté la main à sa bouche.