Anne & Gilberte Goscinny

Anne et Gilberte Goscinny. Roquebrune-sur-Argens, été 1977.

Anne et Gilberte Goscinny. Roquebrune-sur-Argens, été 1977.

 

Anne & Gilberte Goscinny

 

Les soirs d’été au Parpaillon, la maison de mes parents dans le Midi de la France, étaient enchantés. René nous faisait pleurer de rire, sa fille Anne pétillait d’espièglerie et Gilberte, son épouse, troublait l’adolescent que j’étais par sa beauté occitane. En saisissant ces deux sourires, cet été 1977, j’ignorais que tout allait s’arrêter d’un coup, comme le chant des cigales. Quelques semaines plus tard, René s’écroulait lors d’un test médical. Le monde perdait l’un de ses plus grands humoristes ; nous perdions un ami et le noyau d’une galaxie de copains qui, sans son soleil, s’éteignit. Nous ne rîmes plus l’été. Mes deux belles allaient s’accrocher l’une à l’autre quelques temps encore, jusqu’à ce que Gilberte disparaisse à son tour, emportée par les cigarettes qu’elle tient en main, sur cette photo, dans le même geste par lequel elle chérit sa fille. Anne, plus orpheline qu’on puisse imaginer l’être, écrit depuis. Quoi d’autre ? Les étés sont longs.

 
 
Hannah Dusar